Réémergence de la rage en République centrafricaine : cas de 2019 à 2023

Auteurs

  • Maucler Pamatika C. PhD, Maître Assistant associé à l’Université de Bangui, Epidémiologiste auprès de la Région Sanitaire No3 (RS3), Ministère de la Santé et de la Population (MSP), République centrafricaine (RCA).
  • F Regongbenga Dama Médecin, Directeur de la RS3, MSP, RCA
  • E Kalthan Médecin épidémiologiste, Directeur de la Surveillance Epidémiologique et de Gestion des Urgences de Santé Publique (DSEGUSP), MSP, Bangui, RCA.
  • R Mbailao Médecin épidémiologiste, Directeur Général de Lutte contre les maladies et les épidémies, MSP, Bangui.
  • C Malaka PhD, Laboratoire des arbovirus, Institut Pasteur de Bangui.
  • E Sako Médecin, Point Focal du Projet SENI-REDISSE IV, Banque Mondiale, MSP.
  • MN Mbaikoa Médecin vétérinaire, Directrice Générale, Ministère de l’Elevage et de la Santé animale, Bangui.
  • S Sabé Médecin-Chef du District Sanitaire de Paoua, RS3.
  • E Denamsé Médecin-Chef du District Sanitaire de Bocaranga-Koui, RS3.
  • P Bonazoui Licence en Soins infirmiers, Point focal de la surveillance épidémiologique du District Sanitaire de Batangafo-Kabo, RS3.
  • A Rengbandji Licence en Soins infirmiers, Point focal de la surveillance épidémiologique du District Sanitaire de Paoua, RS3.
  • P Namkoderana Médecin-Chef du District Sanitaire de Nangha Boguila, RS3.
  • S Ngoi Médecin-Chef du District Sanitaire de Ngaoundaye, RS3.
  • JM Amadou Agou Nzoba Médecin-Chef du District Sanitaire de Bossangoa, RS3.
  • A Kanzila Médecin-Chef du District Sanitaire de Bozoum-Bossemptelé, RS3.
  • A Moboy Médecin-Chef du District Sanitaire de Bouca, RS3.
  • A Ngbeadego Médecin, DSEGUSP, MSP, Bangui.

Mots-clés :

Réémergence, rage, République Centrafricaine, 2019 à 2023

Résumé

Introduction

La rage, zoonose virale est transmise par morsure d’animal malade. Des épidémies de rage ont été déclarées en République centrafricaine dans certains Districts Sanitaires entre 2019 et 2022. En 2023 le pays a enregistré plusieurs cas de morsure de chien dont certains sont confirmés pour la rage canine et humine. L’objectif de cette étude était d’analyser l’évolution de la tendance de la rage durant les cinq dernières années et de décrire les cas de rage selon le temps, le lieu et la personne en 2023.

Méthodologie

Cette étude descriptive à visée rétrospective a été réalisée en Centrafrique. La période étudiée s’étend de 2019 à 2023. La population d’étude était constituée de toute personne exposée au risque de morsure de chien et de tout chien résident sur le territoire centrafricain durant les cinq années. L’échantillon de l’étude était constitué de personnes mordues par des chiens suspects de rage dont les données ont été notifiées par le Point Focal de Surveillance épidémiologique du District. Les données antérieures à 2023 provenaient du niveau central. Les analyses de Laboratoire ont été réalisées à l’Institut Pasteur de Bangui. Le logiciel SPSS version 22 était utilisé pour l’analyse des données. 

Résultats

En cinq années 3132 cas de morsure de chien ont été notifiés ; soit une moyenne de 624 cas par année. Les cumuls les plus élevés étaient ceux de la Région 4 (N=1184) et de la RS3 (N=1139). La prédominance des cas suspects de rage rapportés et le nombre de décès étaient plus retrouvés dans la Région 4 en quatre années (2019 à 2023). A l’opposé cette prédominance était en faveur de la Région 3 en 2023 pour les cas notifiés (1160). Les décès enregistrés en 2023 (N=10) étaient de 2 à 5 fois plus élevés que ceux des quatre années précédentes. Les cas suspects notifiés étaient plus nombreux au 3e trimestre de l’année 2023. Le DS de Batangafo-Kabo a notifié plus de cas parmi les 35 Districts (424/1160) en 2023. En 2023 le pays a enregistré 19 cas confirmés de rage dont 13 cas de rage canine (68,42%) et 06 cas confirmés de rage humaine. Les personnes mordues étaient âgées de 09 mois à 80 ans (âge médian, 23 ans). La classe d’âge de 20 à 29 ans (53,19%) et le sexe masculin (51,48%) prédominaient.

Conclusion

La Centrafrique assiste à une réémergence de la rage ces dernières années. Cette maladie tropicale négligée est préoccupante et mérite une attention particulière. La vaccination antirabique des populations canines et des personnes mordues est la mesure de choix pour le contrôle de la rage.

Téléchargements

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Publiée

04-02-2025

Comment citer

Maucler Pamatika C., F Regongbenga Dama, E Kalthan, R Mbailao, C Malaka, E Sako, MN Mbaikoa, S Sabé, E Denamsé, P Bonazoui, A Rengbandji, P Namkoderana, S Ngoi, JM Amadou Agou Nzoba, A Kanzila, A Moboy, & A Ngbeadego. (2025). Réémergence de la rage en République centrafricaine : cas de 2019 à 2023. Revue Africaine De Médecine Et De Santé Publique, 8(1), 188–201. Consulté à l’adresse http://rams-journal.com/index.php/RAMS/article/view/453

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